A l’approche de l’élection présidentielle de 2022 et surtout à l’heure où se construisent les programmes, Réseau Vrac a souhaité donner la parole à ses membres sur leurs attentes pour développer la filière lors de la prochaine mandature.
L’article 23 de la Loi Climat & Résilience fixe des objectifs de croissance pour le vrac d’ici 2030. Cependant un tel objectif ne sera pas atteint si des mesures d’accompagnement visant à pérenniser le développement de la vente en vrac ne sont pas mises en place.
Après une consultation interne, nous avons formalisé 5 propositions qui pourront nourrir les programmes des candidats ou tout au moins nourrir le débat d’idées qui s’ouvrira dans les prochains mois. Cette communication à aussi pour but de les sensibiliser à la dynamique du marché du vrac, aux actions de la filière et aux attentes des consommateurs.
1.
Soutenir la compétitivité des prix des produits vendus en vrac
La politique de prix des acteurs du vrac est un effort constant, car il faut comprendre que, paradoxalement, la suppression des emballages primaires jetables, tant qu’elle n’est pas généralisée, est plutôt une source de surcoûts, pour deux raisons :
• les chaînes de production standardisées sont organisées autour des produits préemballés et maximisent les économies d’échelle ;
• la suppression des emballages primaires jetables augmente les opérations de manutention et requiert davantage de main d’œuvre dans les points de vente auxquels sont transférés des obligations d’hygiène, de traçabilité et d’informations habituellement assurées par les emballages primaires.
Par ailleurs, les metteurs sur le marché de produits préemballés ne répercutent qu’une infime partie du coût économique et environnemental de la production, du transport et de la fin de vie des emballages jetables dans leurs prix de vente de leurs produits. Ces prix sont donc inférieurs à la réalité économique car ils n’intègrent pas les coûts réels des externalités négatives engendrés par les emballages jetables .
Les pouvoirs publics devraient davantage soutenir la filière vrac pour augmenter la compétitivité des prix du secteur, notamment en intégrant dans le prix de vente des produits préemballés le coût des externalités environnementales négatives générées par les emballages jetables.
2.
Accompagner le développement du marché des emballages et des contenants réutilisables ou réemployables
La réutilisation ou le réemploi des emballages et des contenants pour la vente en vrac de denrées alimentaires ou non alimentaires doit être simplifiée et facilitée. Il convient d’encourager :
• la mise sur le marché d’emballages et de contenants adaptés et aptes à la réutilisation et/ou au réemploi, si besoin sur la base de normes ;
• le développement de centres de lavage des emballages et des contenants et de solution de nettoyage et de désinfection rapide dans les points de vente, pour faciliter le réemploi et/ou la réutilisation des contenants.
3.
Légiférer pour améliorer l’hygiène et l’information des denrées alimentaires vendues en vrac
HYGIENE
A ce jour, sur environ 9000 commerces de détail (GMS, enseignes bio, commerces spécialisés vrac) qui vendent des denrées alimentaires en vrac, on estime que seuls 10% d’entre eux ont reçu une formation HACCP spécifique à la vente en vrac (principalement des commerces spécialisés vrac adhérents de notre association). Une formation HACCP spécifique à la vente en vrac est seule à même de garantir un même niveau d’hygiène, de traçabilité et de sécurité, dans tous les commerces de détail qui pratiquent la vente en vrac de denrées alimentaires (cf. Description de la formation HACCP vrac proposée par Réseau Vrac depuis 2017). Le rapport d’activité 2020 de la DGCCRF (p. 51) montre les défaillances de nombreux commerces de détail vrac sur l’hygiène notamment. Il convient de légiférer pour rendre obligatoire une formation HACCP spécifique à la vente en vrac pour tous les commerces de détail de vente en vrac (comme cela existe pour les métiers de la restauration par exemple).
INFORMATION / ETIQUETAGE
Les informations obligatoires pour les denrées alimentaires vendues en vrac en libre-service ne sont pas suffisantes. Il convient notamment de rendre obligatoire l’étiquetage sur l’équipement de vente de : la liste des ingrédients, les allergènes potentiellement présents par volatilité ou contact, les valeurs nutritionnelles, le numéro de lot… afin d’augmenter la confiance du consommateur. Certains produits vendus en vrac devraient par ailleurs être soumis à une obligation d’étiquetage sur le contenant, notamment les produits à conserver au frais. Cette obligation existe déjà pour les produits cosmétiques et les produits détergents.
4.
Légiférer pour lever les restrictions qui persistent sur certains produits
La vente en vrac des produits surgelés, du lait, des compléments alimentaires, des produits d’alimentation infantile et des eaux minérales ou de source est interdite par des textes européens datés, qui à l’époque où ils ont été adoptés, ne prévoyaient pas la possibilité que les produits soient un jour vendus sans emballage primaire. Certains États membres de l’Union européenne ou dans le monde ont déjà pris les devants et autorisent sur leur territoire la vente en vrac de lait ou de produits surgelés par exemple. La France, pourtant pionnière du marché du vrac depuis 2016, est malheureusement à la traine sur le sujet de ces restrictions, alors que les acteurs économiques français travaillent déjà sur des expérimentations en cours qui montrent que la vente en vrac de ces produits ne posent aucun problème de santé publique. Nous avons besoin du soutien des pouvoirs publics pour valider ces expérimentations et lever au plus vite ces restrictions injustifiées.
5.
Sensibiliser les consommateurs dès le plus jeune âge
La vente en vrac est un mode de consommation qui permet de réduire à la source les déchets d’emballages jetables et le gaspillage alimentaire. Ce mode de consommation durable et responsable implique une éducation et une sensibilisation des consommateurs à des gestes nouveaux et à des habitudes spécifiques. Cette éducation et cette sensibilisation doit se faire dès le plus jeune âge, notamment par des actions de sensibilisation dans les programmes scolaires et les activités pédagogiques.